samedi 29 septembre 2012

Pacamambo de Wadji Mouawad -Création 2012-Jeune Publi -


Création Février 2012 -Théâtre des Marronniers -Lyon-
Jeune Public

Pacamambo de Wadji Mouawad


 Ed-Acte Sud-
Mise en scène : Carine Pauchon
Jeu : Leïla Anis, Fanélie Danger, François Leviste, Yvette Ferreol, Marie Oury
Création sonore : François Lamy
Plasticienne : Emmeline Beaussier
Scénographie, lumière : Jean-François Fernandes
Pacamambo, Ce pays de rêves où l’on va quand la Lune vient nous chercher et nous emporte...
La jeune Julie a subi une grande perte: sa grand-mère Marie-Marie. La personne qu’elle aimait le plus au monde est morte. Elle s’est éteinte de façon naturelle, juste parce qu’elle était vieille et que l’on meurt quand on est vieux. Mais comment surmonte-t-on une telle perte? Que faire de ce flot d’amour qui nous arrache l’âme quand l’autre n’est plus?
Julie n’a certainement pas agi comme la plupart des gens. Elle s’est enfermée au sous-sol avec le cadavre de Marie-Marie avec Gros, son chien et ami fidèle. Elle a essayé de couvrir l’inexorable œuvre du temps avec du maquillage et des parfums, dans un émouvant effort pour lutter pendant trois semaines contre l’inévitable.
Après trois semaines de recherche, Julie a été trouvée, enfermée au sous-sol avec son chien et le cadavre de sa grand-mère en état de décomposition. Alors vient le temps des explications. Un psychothérapeute gentil et bien-intentionné essaie patiemment de trouver les motifs qui ont poussé Julie à un tel comportement. Mais la fillette s’enferme dans un silence têtu, elle se révolte contre un monde adulte incapable de la comprendre, elle se dérobe aux questions du psy, éprouvant sa patience. Ses raisons sont secrètes.
Peu à peu pourtant, Julie accepte de revenir sur ce qui s’est passé et, avec son regard d’enfant, mélangeant réalité et imagination, nous révèle le secret de Pacamambo, que seule elle et sa grand-mère connaissent. Fâchée contre la mort qui lui enlève un être cher, la fillette décide d'attendre la mort pour lui casser la gueule. Lorsqu'elle la rencontre, il en va tout autrement. Celle-ci lui fournit des explications très simples: 'Si tu acceptes de vivre, tu acceptes surtout de mourir'.
La plume inspirée de Wajdi Mouawad trace le douloureux chemin de Julie vers l’acceptation de la perte, son premier pas vers l’âge adulte, avec ce mélange d’humour et de poésie auquel son écriture nous a bien habitués. Comme dans les contes de Grimm, ce qui se passe est peut-être terrible, mais irrépressiblement humain. Nous sommes tous des enfants face à la mort.

Pacamambo est un texte d’une grande subtilité qui aborde le difficile sujet de la mort.
L’héroïne, Julie, assiste en effet à la mort de sa grand-mère et reste près du cadavre avec la seule compagnie de son chien pendant dix-neuf jours avant d’être retrouvée et confiée à un psychiatre qui l’aidera à mettre en mots cette expérience, à surmonter ce traumatisme. Le texte joue avec équilibre sur deux registres : réalisme et conte.
Rien n’est passé sous silence des conséquences physiques de la mort, mais Julie rend cette réalité plus supportable grâce aux maquillages et parfums. Le réalisme est atténué par la présence d’une fantastique poésie, largement présente dans la scène du décès où la Lune qui parle, passeuse de la vie à la mort.
Cette atmosphère de conte se retrouve aussi dans le personnage du chien qui parle aux morts – Marie-Marie s’adresse à lui pour transmettre des messages à Julie et veille sur elle, de même que dans la scène 9 où la mort se fait personnage et vient parler avec Julie.

Le spectacle
Sur scène deux espaces : un ouvert à cour et un fermé à jardin ; L’espace ouvert représente la cave où se juxtapose tout un tas de présents ayant appartenu à la grand mère Marie-Marie, juchés sur le sol : des photos, des cartons des bouteilles, des vêtements des couvertures C’est l’espace duquel Julie n’arrive pas à sortir mais il est à la fois ouvert parce qu’elle partage ce temps avec les autres.
Dans l’espace ouvert, il y a la présence de la grand-mère, le gros et Julie mais également les apparitions de la mort et de la lune. C’est un espace rempli d’objets mais également de présences. En opposition, l’espace fermé est vide ; c’est l’espace où se trouve le psychiatre. C’est l’espace que celui-ci aimerait ouvrir et partager avec Julie.
L’espace de la cave est un espace lumineux plein de vie alors que l’espace du psychiatre est un espace sombre. Julie instaure une intimité avec le gros. Le gros est à la fois le personnage imaginaire que se créent les enfants et le meilleur ami. Il est le lien entre tous les personnages car il entend les voix de la grand-mère et de la mort. Il crée une vie au-delà de la mort ; Le personnage est incarné par une comédienne avec un masque .Les personnages de la lune et de la mort sont matérialisés par des voix off. Le psychiatre est quant à lui toujours présent sur un fauteuil plus ou moins de dos.
On entend sa voix, mais on ne le voit pas bien. Il est toujours présent dans l’espace fermé, mais n’intervient pas tout le temps.

Notes de mise en scène
Pacamambo ou comment aborder le sujet de la perte d’un être cher ? Ce texte est un conte initiatique, s’adressant à l’enfant mais également aux adultes, le personnage de la petite Julie, est confronté à deux situations inextricables : d’une part la disparition de sa grand-mère Marie-Marie qui est l’être qu’elle aime le plus au monde et de l’autre l’incompréhension totale du monde adulte face à sa tristesse. Elle ne se satisfait pas de réponses stéréotypées. Elle se révolte et cherche toute seule d’autres solutions, elle veut aller plus loin, comprendre. Cette pièce répond au besoin d’apprendre propre à l’enfance et permet aux adultes de porter un regard sur la vie et le sens qu’ils lui donnent. Julie n’a pas le même vécu que les adultes face à la mort, elle a des réactions bravaches, cocasses et parfois désespérées. Pacamambo, le pays dont sa grand-mère lui a parlé, et où elle espère la retrouver, lui donne la force d’agir. Elle veut défier la mort et retrouver ce pays où règne l’esprit de tolérance et d’amour un pays dont la pensée nous aide tous un peu à grandir. L’écriture de Wajdi Mouawad est pleine de tendresse et de poésie et nous parle sans mièvreries de consolation et réconciliation.




lundi 10 septembre 2012

Création 2012 -Au Bout du Comptoir la Mer de Serge Valletti-

Au Bout du Comptoir la Mer de Serge Valletti
Création 2012
Mise en scène-Carine Pauchon
Jeu-Steven Fafournoux
Co-production Compagnie In-Time

Ou l'histoire du Troisième mythomane .
Celui que je vois le moins et qui dormirait dans

Se jouera du 7 au 23 Janvier au Théâtre des Clochards Célestes (Lyon)
www.clochardscelestes.com

Un artiste de casino accoudé à son bar se raconte et livre ses tranches de vie amères et drôles entre deux numéros.Lui, Stephan son rêve,c'était Las Vegas, Sinatra , les palaces , les lumières ...
Stephan porte les stigmates de nos propres renoncements et de nos désillusions multiples.
Un soliloque croustillant de méchanceté , impudique ,dérisoire et désopilant .

Extrait du Texte

Quand j’étais petit, on m’avait emmené au cirque, le souvenir qui m’en reste c’est un type en train de se balancer sur un lampadaire, il était ivre mort, ou bien il faisait semblant de l’être ; J’ai eu l’impression qu’il allait me tomber dessus...La chose qui me trouble le plus, c’est d’avoir gardé simplement ce souvenir-là d’une représentation de cirque.
Pourtant il devait bien y avoir des clowns, des tigres, des chevaux, de la musique, eh bien, non ! Je ne me souviens que de ce seul numéro : L’acrobate sur son lampadaire !
Serge Valletti, Au bout du comptoir la mer


Note de Mise en scène

Avec ce texte Serge Valletti, complète son bouquet de personnages monomaniaques, mythomanes. La folie, un des thèmes qu’il aime tant explorer avec une écriture riche et “quotidienne”. Le quotidien n’est pas réducteur chez Valletti mais porteur de sens pour ces personnages si bien dessinés. Serge Valletti a l’art de donner du rythme, du mouvement aux mots. Les mots sont déjà nôtres. Comme si son texte était enregistré par un dictaphone et retranscrit tel quel .Il les dispose d’une telle façon qu’il recrée une syntaxe qui lui est propre. La langue devient abordable pour tous. Il arrive avec discipline à nous faire rire. Le poids des mots en devient plus lourd .L’art de rendre la fable cruelle et impitoyable. Le “grave” traité avec légèreté. Ces personnages “perdus” portent une part d’humanité, de ce fait, ils nous paraissent avoir fréquenté nos vies, voire même porté une de nos faces cachées : celle de nos rêves perdus. Ils nous font autant rire que pleurer ... comment est-ce possible de se mettre autant en “Danger” ?...Est-ce peut-être le secret d’une vie pimentée ... Stephan demeure toujours dans les extrêmes.
J’ai tellement d’affection pour ces personnages, ils me touchent, ils mettent en valeur notre fragilité. Ils nous déshumanisent pour effleurer la folie.
Au Bout du Comptoir la Mer est un monologue nous parlant de rêve ou plus précisément d’un rêve brisé ou plutôt non abouti. Il ouvre sur des espaces non représentés , nous amène à sortir de l’espace de jeu pour nous installer entre le comptoir de Mario , l’extérieur du bar et la pensée de Stephan .Il boit , il parle , il boit , il parle ...l’action amène à la parole ou l’inverse .
Comme si ce texte avait été écrit sur mesure pour le comédien Steven Fafournoux, une folie douce et désinvolte, à la fois engagé dans ses intentions de jeu et en retrait physiquement ; Accoudé au comptoir, Stephan nous parle de spectacle, une carrière loupée ou plutôt la nostalgie d’autres perspectives ...du Théâtre dans le théâtre .Stephan parle fort, il diffuse sa folie avec parcimonie
Ce texte est, demeure une douceur acidulée .

vendredi 7 septembre 2012

Création 2011-Mary's à Minuit de Serge Valletti-Mise en scène/Dramaturgie Carine Pauchon-

Mary's à Minuit de Serge Valletti
Création 2011-Compagnie In-Time-
Mise en scène Carine Pauchon
Jeu Anna Pabst

Se jouera du 7 au 23 Janvier 2013 
au Théâtre des Clochards Célestes -Lyon-1er Arr.-
www.clochardscelestes.com

Mary's 

Mary's parle d'elle , de son amour qui ressemble à Jean-louis Maclaren , de ses petits plaisirs et de ses maux . Submergée par les aléas de la vie , elle impose peu à peu une logique bancale et lutte pour ne pas faire complètement naufrage . Le public est témoin d'une catastrophe personnelle dont il mesure progessivement l'ampleur . Pétillant , ce texte nous ramène aux petits riens qui font le charme d'une vie ...

Extrait du texte


Les premiers mois, on s’entendait bien, il me faisait des caresses suggestives. Il me disait : « Je vais te faire des caresses suggestives ! » Je le regardais avec mes yeux mi-clos et il souriait comme un cheval. Ca me suggérait des choses mais je ne sais pas s’il savait vraiment ce que ça me suggérait parce que s’il l’avait su, il aurait arrêté sur le champ et il se serait mis à penser que j’étais folle au point de ne pas pouvoir me regarder dans une glace.


...Il faudrait que je me prépare si je veux être prête quand il viendra me chercher , qu'il a dit , mais à chaque fois c'est pareil.De la fnêtre , lui en bas , moi en haut , il a beau jeu de me dire :" je passe te prendre demain soir ...!"Mais le lendemain il trouve toujours quelque chose pour ceci, pour cela ...
Demain soir, ça veut dire à partir de huit heures à peu près , environ, c'est ce que je me dis au fond de moi-même . Le jour où il a failli passé c'était vers cette heure-là en tout cas. Juste un mot glissé sous la porte : je t'embrasse , je tecspliquerai(sic).Il me prend pour une gourde ...
Mais des fois il vient, des fois ça lui arrive de venir .
Serge Valletti



Notes 


Au départ une rencontre...la rencontre entre une comédienne et un metteur en scène, la rencontre avec une écriture, un espace, la rencontre où texte et espace prennent vie.
Mary's est là, devant nous, entière. Avec générosité, elle nous livre son être. Et tandis qu’elle se donne entièrement, ne se protégeant de rien, son corps devient nôtre.
Franchissant toutes les barrières de la vie, elle devient une définition de l’amour. Comme sur un champ de bataille, elle s’expose en première ligne.
Mary's fait partie de ces gens simples, un peu perdus, un peu seuls. Bien qu’elle s’adresse à nous, elle soliloque, nous révélant sans en avoir l’air un pan de sa vie.