Création Février 2012 -Théâtre des Marronniers -Lyon-
Jeune Public
Pacamambo de Wadji Mouawad
Ed-Acte Sud-
Mise en scène : Carine Pauchon
Jeu : Leïla Anis, Fanélie Danger, François Leviste, Yvette Ferreol, Marie Oury
Création sonore : François Lamy
Plasticienne : Emmeline Beaussier
Scénographie, lumière : Jean-François Fernandes
Jeu : Leïla Anis, Fanélie Danger, François Leviste, Yvette Ferreol, Marie Oury
Création sonore : François Lamy
Plasticienne : Emmeline Beaussier
Scénographie, lumière : Jean-François Fernandes
Pacamambo, Ce pays de rêves où l’on va quand la Lune vient nous chercher et nous emporte...
La jeune Julie a subi une grande perte: sa grand-mère Marie-Marie. La personne qu’elle aimait le plus au monde est morte. Elle s’est éteinte de façon naturelle, juste parce qu’elle était vieille et que l’on meurt quand on est vieux. Mais comment surmonte-t-on une telle perte? Que faire de ce flot d’amour qui nous arrache l’âme quand l’autre n’est plus?
Julie n’a certainement pas agi comme la plupart des gens. Elle s’est enfermée au sous-sol avec le cadavre de Marie-Marie avec Gros, son chien et ami fidèle. Elle a essayé de couvrir l’inexorable œuvre du temps avec du maquillage et des parfums, dans un émouvant effort pour lutter pendant trois semaines contre l’inévitable.
Après trois semaines de recherche, Julie a été trouvée, enfermée au sous-sol avec son chien et le cadavre de sa grand-mère en état de décomposition. Alors vient le temps des explications. Un psychothérapeute gentil et bien-intentionné essaie patiemment de trouver les motifs qui ont poussé Julie à un tel comportement. Mais la fillette s’enferme dans un silence têtu, elle se révolte contre un monde adulte incapable de la comprendre, elle se dérobe aux questions du psy, éprouvant sa patience. Ses raisons sont secrètes.
Peu à peu pourtant, Julie accepte de revenir sur ce qui s’est passé et, avec son regard d’enfant, mélangeant réalité et imagination, nous révèle le secret de Pacamambo, que seule elle et sa grand-mère connaissent. Fâchée contre la mort qui lui enlève un être cher, la fillette décide d'attendre la mort pour lui casser la gueule. Lorsqu'elle la rencontre, il en va tout autrement. Celle-ci lui fournit des explications très simples: 'Si tu acceptes de vivre, tu acceptes surtout de mourir'.
La plume inspirée de Wajdi Mouawad trace le douloureux chemin de Julie vers l’acceptation de la perte, son premier pas vers l’âge adulte, avec ce mélange d’humour et de poésie auquel son écriture nous a bien habitués. Comme dans les contes de Grimm, ce qui se passe est peut-être terrible, mais irrépressiblement humain. Nous sommes tous des enfants face à la mort.
L’héroïne, Julie, assiste en effet à la mort de sa grand-mère et reste près du cadavre avec la seule compagnie de son chien pendant dix-neuf jours avant d’être retrouvée et confiée à un psychiatre qui l’aidera à mettre en mots cette expérience, à surmonter ce traumatisme. Le texte joue avec équilibre sur deux registres : réalisme et conte.
Rien n’est passé sous silence des conséquences physiques de la mort, mais Julie rend cette réalité plus supportable grâce aux maquillages et parfums. Le réalisme est atténué par la présence d’une fantastique poésie, largement présente dans la scène du décès où la Lune qui parle, passeuse de la vie à la mort.
Cette atmosphère de conte se retrouve aussi dans le personnage du chien qui parle aux morts – Marie-Marie s’adresse à lui pour transmettre des messages à Julie et veille sur elle, de même que dans la scène 9 où la mort se fait personnage et vient parler avec Julie.
Le spectacle
Sur scène deux espaces : un ouvert à cour et un fermé à jardin ; L’espace ouvert représente la cave où se juxtapose tout un tas de présents ayant appartenu à la grand mère Marie-Marie, juchés sur le sol : des photos, des cartons des bouteilles, des vêtements des couvertures C’est l’espace duquel Julie n’arrive pas à sortir mais il est à la fois ouvert parce qu’elle partage ce temps avec les autres.
Dans l’espace ouvert, il y a la présence de la grand-mère, le gros et Julie mais également les apparitions de la mort et de la lune. C’est un espace rempli d’objets mais également de présences. En opposition, l’espace fermé est vide ; c’est l’espace où se trouve le psychiatre. C’est l’espace que celui-ci aimerait ouvrir et partager avec Julie.
L’espace de la cave est un espace lumineux plein de vie alors que l’espace du psychiatre est un espace sombre. Julie instaure une intimité avec le gros. Le gros est à la fois le personnage imaginaire que se créent les enfants et le meilleur ami. Il est le lien entre tous les personnages car il entend les voix de la grand-mère et de la mort. Il crée une vie au-delà de la mort ; Le personnage est incarné par une comédienne avec un masque .Les personnages de la lune et de la mort sont matérialisés par des voix off. Le psychiatre est quant à lui toujours présent sur un fauteuil plus ou moins de dos.
On entend sa voix, mais on ne le voit pas bien. Il est toujours présent dans l’espace fermé, mais n’intervient pas tout le temps.
Notes de mise en scène
Pacamambo ou comment aborder le sujet de la perte d’un être cher ? Ce texte est un conte initiatique, s’adressant à l’enfant mais également aux adultes, le personnage de la petite Julie, est confronté à deux situations inextricables : d’une part la disparition de sa grand-mère Marie-Marie qui est l’être qu’elle aime le plus au monde et de l’autre l’incompréhension totale du monde adulte face à sa tristesse. Elle ne se satisfait pas de réponses stéréotypées. Elle se révolte et cherche toute seule d’autres solutions, elle veut aller plus loin, comprendre. Cette pièce répond au besoin d’apprendre propre à l’enfance et permet aux adultes de porter un regard sur la vie et le sens qu’ils lui donnent. Julie n’a pas le même vécu que les adultes face à la mort, elle a des réactions bravaches, cocasses et parfois désespérées. Pacamambo, le pays dont sa grand-mère lui a parlé, et où elle espère la retrouver, lui donne la force d’agir. Elle veut défier la mort et retrouver ce pays où règne l’esprit de tolérance et d’amour un pays dont la pensée nous aide tous un peu à grandir. L’écriture de Wajdi Mouawad est pleine de tendresse et de poésie et nous parle sans mièvreries de consolation et réconciliation.